Qui est la Vénus Vagabonde ?
Cazé&Cazé : Une femme qui se promène. Quand un endroit lui plaît, elle s’y installe quelques semaines pour regarder le temps qui passe.
Que recherchez-vous à travers ce projet ?
Cazé&Cazé : Provoquer une émotion chez les passants et les habitants du quartier. Leur envoyer un message de sympathie. Un court moment jubilatoire !
Comment la décririez-vous physiquement ?
Cazé&Cazé : C’est l’opposé de Barbie. Elle est libérée des contraintes de modes. On nous parle souvent de ses rondeurs, qui évoquent la figure maternelle. C’est vrai, mais ses postures ont aussi quelque chose d’enfantin, de spontané.
Est-ce qu’elle porte un message ?
Cazé&Cazé : Plutôt qu’un message, elle porte un regard sur le monde, à la fois tendre et espiègle. Si elle pouvait parler, elle dirait « Ne vous prenez pas au sérieux ! Prenez le temps de vivre ! Regardez comme je suis bien ici. Venez vous asseoir près de moi et causons. Ou bien restons silencieux si vous préférez ».
Comment avez-vous travaillé sur ce projet de la Vénus Vagabonde ?
Nathalie Cazé : Gérard a créé il y a 5 ans une petite Vénus que j’aimais beaucoup. Il l’a ensuite déclinée en trio, avec des postures différentes, sous le nom des trois Grâces. Puis en format monumental, avec des sculptures de 2 mètres de haut. En installant ces grandes sculptures en extérieur, nous nous sommes rendu compte de leur impact puissant sur le paysage, comme si elles redéfinissaient les espaces, modifiaient les échelles. De mon côté, j’ai travaillé sur plusieurs parcours urbains, à Lyon et à Grenoble. Ce travail de recherche a donné naissance à des guides de découverte du patrimoine. Vénus Vagabonde est issue de ces deux démarches.
D’où vient cette couleur bleue ?
Gérard Cazé : C’est un pigment que nous avons ramené d’un voyage au Maroc, plus précisément à Chefchaouen. Là-bas, les habitants le diluent dans de la chaux et en badigeonnent les façades des maisons pour les assainir. Ce bleu est très puissant. Il se marie très bien aux espaces naturels mais aussi à l’espace urbain. Sur les enduits ocres de la Croix Rousse, c’est magnifique.
Pourquoi avoir choisi d’installer la Vénus Vagabonde à la Croix Rousse ?
Nathalie Cazé : C’est un quartier où nous avons habité plusieurs années. Sur le plateau, puis sur les pentes côté place Rouville, et enfin place Colbert. Nous avons des souvenirs ici : les amis, les amours, les enfants… Pour moi, la Croix Rousse est peuplée de ces souvenirs, que je localise précisément dans tel ou tel endroit. Quand je me balade, ils m’accompagnent. L’ensemble de ces points reliés constitue ma cartographie personnelle.
En installant votre Vénus, vous vous appropriez l’espace urbain…
Cazé&Cazé : Nous l’empruntons, pour quelques semaines… avant de repartir vers d’autres horizons. Les Vénus sont ici en visite, leur présence est éphémère. Pour cela, nous avons utilisé une colle qui ne dégrade pas les supports. Une fois parties, leur passage à la Croix Rousse ne laissera pas de traces visibles… Juste un souvenir coloré pour les personnes qui les auront vues.
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